Bonjour à toutes !
Je reprends mon clavier après ces deux mois d’été. Une pause un peu forcée car comme vous le savez j’ai eu des petits soucis informatiques… Je suis donc plus que ravie de commencer ce mois de septembre avec une nouvelle interview. Aujourd’hui c’est Tiphaine qui va vous offrir son témoignage. A 19 ans, Tiphaine découvre qu’elle est enceinte. Elle est encore étudiante et ce n’était pas prévu, et aujourd’hui elle est maman d’une adorable petite Mathilde qui a un an et demi. Cette jeune femme pleine d’Espérance m’a confié son parcours, les hauts, les bas, ce qui l’a fait tenir et ce qu’elle en a appris. Je vous laisse découvrir son histoire, qui m’a énormément touchée !
Bonjour Tiphaine ! Raconte nous qui tu es !
Je m’appelle Tiphaine, j’ai 21 ans. Je suis maman d’une petite fille qui s’appelle Mathilde et qui a 1 an et demi. Je suis en troisième année de sciences du langage, de l’information et de la communication à Limoges, et en parallèle je reprends la musique. Je participe à la création d’une chorale pour étudiants et jeunes professionnels et je reprends mes études au conservatoire en orgue, écriture musicale, direction de chœur et en classe de chant si j’y arrive. Peut-être que je me tournerai vers la direction de chœur plus tard, mais pour l’instant je veux finir mes études pour devenir professeur des écoles.
Est ce que tu peux me raconter ton histoire, comment Mathilde est arrivée dans ta vie ?
J’ai été adoptée à l’âge de trois mois. Pendant 20 ans je n’ai pas eu de nouvelles de ma mère biologique, on m’a dit qu’elle m’avait mise à l’adoption pour des problèmes d’argent mais je n’avais pas vraiment d’informations. Récemment j’ai eu de ses nouvelles, on a un peu parlé et elle m’a expliqué qu’elle était jeune, que l’homme dont elle est tombée enceinte était mariée, qu’elle n’avait pas d’argent alors elle a préféré nous confier, avec ma jumelle, à l’adoption. J’ai eu la chance d’être adoptée par une super famille! J’ai deux grands frères que mes parents ont eu naturellement, une sœur et un petit frère qui est porteur de trisomie, adoptés tous les deux. J’ai eu une enfance heureuse, j’ai fait de la musique, du scoutisme, plein d’activités…
Très tôt j’ai été assez sensible aux garçons, dès le collège je me posais pas mal de questions. Au lycée à l’aumônerie avec des amis on écoutait « Aimer en Vérité » et on en parlait ensemble. L’amour est un sujet qui m’a intéressé très tôt parce que je trouvais ça incroyable. À côté de ça je n’avais vraiment pas confiance en moi et j’étais très sensible. Après le bac je suis partie en Médecine. 2 semaines avant la rentrée, je me suis rendu compte que finalement je voulais faire psycho à l’IPC, pour devenir musicothérapeute, mais c’était trop tard alors j’ai fait mon année de médecine. Je n’étais pas à fond, je m’ennuyais… A ce moment là une amie m’a proposé de gérer une page Facebook avec elle, je m’amusais, c’était mon passe temps ! Il y a avait plusieurs administrateurs dont un garçon en particulier, qui venait d’arrêter sa prépa. On avait beaucoup de temps pour parler tous les deux.
Un jour je suis allée faire un séjour chez mon père spirituel, pour travailler. Et il se trouve que ce garçon faisait lui aussi une retraite à cet endroit à ce moment-là. On a eu une semaine pour se rencontrer réellement. Sans m’en rendre compte j’ai commencé à développer des sentiments pour lui, et tout est allé hyper vite! On s’est revus parce qu’on passait notre entretien pour l’IPC le même jour, et c’est là qu’on a décidé de sortir ensemble. Ça faisait à peine deux mois qu’on se connaissait… On avait tous les deux de grands idéaux, on se disait que si on sortait ensemble c’était vraiment pour construire quelque chose, qu’on voulait prendre notre temps.
Au début je m’étais dit qu’on ne resterait pas trop ensemble à la fac, qu’on se ferait chacun notre groupe d’amis. Ça n’a pas trop été le cas pour moi, je n’ai creusé aucune amitié, je me suis un peu renfermée sur moi-même, même si je ne m’en rendais pas compte. J’avais l’impression d’être la plus heureuse ! J’ai commencé à rester travailler chez lui tard le soir, puis un soir il n’y avait pas de métro alors je suis restée dormir chez lui, et tout est allé très vite, sans que l’on contrôle vraiment. Je pense que j’étais hyper flattée, c’était le premier homme qui me regardait vraiment et je pense que j’avais un grand manque affectif lié à mon adoption. Je voulais être parfaite pour être sure qu’il ne m’abandonne pas, parce que je voulais pas être abandonnée à nouveau. Je pense que j’ai fait sauter pas mal de barrières et d’idéaux parce que je ne voulais pas le perdre. Je me suis rendu compte après que ce n’était pas franchement de l’amour, c’était plus une sorte de passion, quelque chose de pas très contrôlé.
En avril, je suis partie en camp de Pâques avec mes guides et ça ne s’est pas bien passé. J’étais fatiguée tout le temps, j’avais des sautes d’humeur insupportables. En fait j’étais enceinte, et je m’en suis rendu compte en mai quand j’ai fait une fausse couche. C’est aux urgences que je l’ai appris. J’étais enceinte d’un mois et demi, je ne m’en étais pas rendu compte. Ça m’a remis les pendules à l’heure, je me suis dit que je ne pouvais pas continuer comme ça.
Comment as-tu vécu cette fausse couche?
Au début j’ai pas mal culpabilisé. Je n’osais pas en parler. Je me disais que c’était de ma faute parce que je ne voulais pas de ce bébé, et qu’il avait dû sentir qu’il n’était pas accueilli, pas désiré. Et en fait pas du tout, c’est la nature, c’est assez courant, mais on en parle très peu. Ce n’était pas évident mais c’était moins douloureux que si je m’étais rendu compte tout de suite que j’étais enceinte.
Que s’est-il passé après ça? Comment avez-vous géré la nouvelle?
En juin on est partis au pèlerinage de Chartres, on a essayé de recoller les morceaux. Comme on ne savait pas que j’étais enceinte on n’a même pas eu le temps de réaliser que c’était déjà fini, mais il fallait quand même du temps, du dialogue. Et ça ne s’est pas du tout passé comme je voulais, c’est allé beaucoup trop loin. L’été est arrivé et je n’avais toujours pas mes règles, je pensais que c’est à cause de la fausse couche. Fin juillet, j’ai passé une semaine avec des amis, qui s’est passé entre pleurs incontrôlables, sautes d’humeur, fatigue, nausées et vomissements. Une amie m’a emmenée à la pharmacie et m’a acheté un test de grossesse. Il est devenu immédiatement positif. Mes amies m’ont prise dans leurs bras en me disant qu’elles seraient toujours là, quoi que je fasse, mais il était inenvisageable que j’avorte.
Pour annoncer à mes parents que j’étais enceinte, je suis partie faire une retraite chez mon nouveau père spi. Je leur ai écrit une lettre, et ils ont eu le temps de digérer la nouvelle. Quand je suis rentrée ils m’ont accueillie tout naturellement. Certes on a eu une discussion pour parler de ce qui s’était passé, mais ils ne m’ont pas engueulée, ils ont accueilli ce que j’étais et ils avaient pris le temps d’en parler à mes frères et sœurs avant que je revienne. Ils ont tous été très accueillants, mes grands frères étaient un peu sur la réserve, surtout le deuxième qui venait d’annoncer ses fiançailles : ce n’était pas évident pour lui qui venait de faire rentrer quelqu’un dans la famille ! Sa fiancée a été adorable avec moi tout de suite, il n’y a pas eu de jugement. On a décidé que je rentrais à Limoges, j’ai repris une licence et j’ai abandonné la psycho.
La grossesse s’est très bien passée sur le plan physique mais elle a été compliquée psychologiquement. Mes parents me disaient de prendre mon temps dans mon couple, que ce n’était pas parce qu’on allait avoir un enfant qu’il fallait se précipiter pour se fiancer. D’un autre côté, lui me disait qu’il fallait que je prenne de l’indépendance par rapport à mes parents. Je ne savais pas qui écouter. On était à distance et dès qu’on se parlait on finissait par s’engueuler pour des choses bêtes… A côté de ça on parlait de fiançailles tout naturellement. Je sentais que ça n’allait pas mais je n’étais pas prête à l’admettre. Le parrain et la marraine de ma fille me disaient « Tiphaine, prends ton temps, ce n’est peut-être pas lui ». Moi j’étais très butée. Avec du recul, je me rends compte que j’avais besoin de faire mon chemin, pour me rendre compte des choses par moi-même.
Ma fille, Mathilde, est née en mars. Mes parents n’étaient absolument pas favorables à ce que le papa soit là. En salle de travail, une seule personne a pu venir avec moi, j’ai donc eu à choisir entre ma mère et lui. J’ai choisi le père de mon enfant. Mais pour autant, lors de l’accouchement à proprement parler, j’étais seule, car je lui avais demandé de sortir.
Comment cela s’est-il passé avec le père de Mathilde?
Lors du baptême on a fait des photos « officielles » tous les trois avec Mathilde, mais j’avais l’impression que ces photos étaient du fake. Il y a eu une période de mieux, puis une grosse dégringolade aux vacances de Pâques, on n’a pas parlé pendant 15 jours. Puis, pendant l’été j’ai eu une semaine avec de très bons amis, et on a beaucoup parlé. Je me suis rendu compte que je ne me sentais pas capable d’être en couple, j’avais besoin de me construire d’abord solidement, pour pouvoir être stable, ne pas être un boulet pour l’autre, ne pas avoir besoin de lui comme une béquille.
Pendant l’été je lui ai donc expliqué j’avais besoin d’avancer seule parce que je ne savais plus trop qui j’étais, où j’en étais. J’étais sure de mon choix mais j’étais tellement dépendante de lui que ça a été vraiment très difficile. J’ai eu de la chance parce que mes amis, mes parents et ma psychologue m’ont très bien accompagnée. Et en septembre j’ai appris qu’il sortait avec une autre fille.
Aujourd’hui je continue ma vie de mon côté, et je me suis dit que j’allais poursuivre ma progression guide aînée, j’ai pris mon flot vert, qui représente l’espérance. (NB: chez les guides aînées, qui sont les jeunes filles de 18 à 25 ans chez les scouts, le flot vert est une étape de la progression, entre le flot jaune et la parole de feu). Mon père spi m’a dit que Mathilde était une grâce pour moi : j’étais tellement dans le contrôle, qu’elle m’a forcée à lâcher prise, avoir confiance et espérer dans l’avenir. J’ai décidé de me battre pour vivre dans l’Espérance. J’ai pris mon flot vert à Rocamadour, sachant que la devise de Rocamadour c’est « l’Espérance ferme comme le roc ». Je me suis rendu compte du chemin parcouru : j’ai pris de l’indépendance, j’ai revu mes amis, j’étais plus heureuse. J’ai validé mon premier semestre, sachant que j’avais Mathilde je suis très fière de moi !
Qu’est ce qui t’a le plus aidée?
L’amitié, la foi et ma famille. J’ai la chance d’avoir des amis en or, qui ont été présents pour moi, qui m’ont entourée; j’avoue que quand j’ai su que j’étais enceinte ma seule peur c’était qu’on me juge, que je perde mes amis. Et au contraire ils ont été vraiment présents. Des personnes que je n’avais pas vues depuis très longtemps m’ont envoyé un petit message en me disant qu’elles pensaient à moi, et c’est trop beau! Le fait de savoir que je n’ai pas besoin d’être parfaite pour qu’on m’aime m’a beaucoup aidée. J’ai réussi à me dire que les gens m’aimaient pour ce que je suis et pas pour ce que je fais. Peu importe mes défauts, ils sont quand même là.
Et je pense que ce qui m’a aidée aussi c’est la foi. Mon père spi me dit que je n’ai plus qu’une chose à faire, c’est de m’abandonner. Je prie vraiment pour arriver à être confiante, pour m’abandonner sans me poser de question… Et je trouve que c’est vraiment mieux, quand on n’attend plus rien de la vie, que l’on accepte tout comme un cadeau on n’a pas de déception. Pour la progression Guide Aînée je dois choisir un évangile et tout de suite j’ai pensé à l’évangile de l’Annonciation. Je ne savais pas trop pourquoi, puis j’ai réfléchi et en fait je trouve que Marie est le plus beau modèle que nous pouvons avoir en tant que femmes. C’est un exemple de dingue: elle était mère, elle a souffert mais a toujours été présente. Et à l’Annonciation elle n’a pas posé de questions, elle n’a pas demandé comment ça allait se passer. Elle a juste dit « que ta volonté soit faite » sans se préoccuper du regard des autres. En fait nos vies doivent être des Oui en permanence au Bon Dieu, et peu importe ce qui nous arrive. Que ce soit des joies ou des peines, le Bon Dieu sait en faire ressortir du bon. Il faut vraiment espérer.
Qu’est ce que tu as trouvé le plus difficile?
Le fait de se comparer aux autres. Quand j’étais enceinte il y a une amie à qui c’est arrivé aussi, sauf que pour elle ça s’est très bien passé avec son fiancé, ils vont se marier ! J’ai développé une sorte de jalousie qui me rendait malheureuse, qui nous a éloignées, mais heureusement on s’est retrouvées.
Tu disais tout à l’heure que la grossesse et la maternité est vu comme quelque chose de tout rose et que l’on occulte ce qui est difficile. Peux-tu me raconter comment tu as vécu tes premiers pas de jeune maman?
Le début de la grossesse a été pénible parce que j’ai été très malade, je ne pouvais plus rien manger! Ce qui est dur aussi c’est de s’accepter. On a des pics d’hormones, on n’a plus le même caractère, on peut rire puis pleurer ! Et puis on a le corps qui change. Quand on est enceinte ça va, parce qu’on se dit que c’est beau, qu’on porte la vie et cetera. Mais après, c’est très compliqué de se réapproprier son corps. J’ai décidé de reprendre le sport. Je vais courir de temps en temps ou je fais un peu d’abdos. Et ça aide à se sentir beaucoup mieux dans son corps.
J’ai eu beaucoup de mal aussi avec la fatigue. J’ai fait la bêtise d’avoir plein de visites quand j’étais à la maternité, et je pense que pour une prochaine grossesse je n’accepterai que Mathilde, mon mari et mes parents. L’accouchement c’est un énorme effort physique. Et puis on est très désemparé devant son bébé qui pleure. On se dit qu’on a fait quelque chose de mal alors que non, c’est juste leur seul moyen d’expression! Il faut aussi retrouver son équilibre de vie. Un enfant sera forcément heureux si ses parents sont heureux. Et dans mon cas je pense que c’est important de savoir prendre des moments pour moi, prendre une baby-sitter et aller courir ou prendre un café avec une amie, juste pour lâcher prise. J’ai la chance d’avoir des parents qui comprennent que j’ai besoin de mes moments à moi, alors ils gardent Mathilde parfois quand je pars en week-end. Ca fait du bien de me réapproprier ma vie de fille de 21 ans, et quand je rentre je suis encore plus contente de retrouver ma fille! C’est important de prendre du temps pour soi pour être encore plus dispo pour ses enfants.
Enfin, j’ai eu du mal à m’approprier le fait d’être maman. L’après naissance a été dur. On n’en parle pas assez. On parle de la grossesse, du fait que c’est génial, et on ne parle pas de ce qui se passe après l’accouchement. On peut se sentir hyper désemparée sans savoir pourquoi, et tout le monde y va de son petit conseil donc on est un peu perdu. On nous dit « t’inquiète pas c’est ton enfant tu vas comprendre tout de suite comment t’en occuper » alors que NON, on ne comprend pas tout de suite! Et on fait culpabiliser les maman , on leur demande d’être des mamans parfaites. Avoir un bébé ce n’est pas si simple, il y a une période d’adaptation.
Quand ta fille est née, est ce que tu as tout de suite ressenti cet amour intense, cet instinct maternel ?
Oui! ça me faisait très peur. Pendant toute ma grossesse je n’arrivais pas à réaliser qu’il y avait quelqu’un dans mon ventre. et c’est dingue de se dire que ce bébé qui était dans mon ventre maintenant je l’ai dans mes bras! Au moment où elle est née j’étais immensément heureuse mais je n’arrivais pas à réaliser tellement c’est merveilleux. Je l’ai vraiment aimée tout de suite mais j’ai eu du mal à aimer m’occuper d’elle, et encore aujourd’hui parfois ça me saoule de m’en occuper tous les jours, il y a des moments où j’ai juste envie d’aller dormir… Mais ça demande de se dépasser, de donner le meilleur. Et bien sûr même quand on n’en a pas envie on le fait quand même, et c’est merveilleux de la voir grandir !
Est ce que tu as ressenti un jugement?
Je n’ai jamais eu de réflexion désagréable ! Le pire jugement venait de moi-même… Pour donner un exemple, je suis très amie avec le parrain de Mathilde. Quand je lui ai proposé d’être son parrain, je me suis dit « mais Tiphaine tu vas demander à cette personne que tu admires tant d’être le parrain de ta fille alors que toi tu as eu ta fille avant le mariage, tu n’as pas fait les choses dans l’ordre… ». Et quand je lui ai confié mon ressenti il m’a dit « mais c’est avant tout une vie, c’est trop beau ». Et il a raison, c’est l’essentiel.
Si tu devais synthétiser ce que tu as appris ?
J’ai fini par me dire que le bonheur ce n’est pas la perfection, il ne faut pas attendre un truc dingue pour être heureuse il faut prendre chaque petite chose de la vie comme un cadeau. La joie c’est quelque chose de fugace mais le bonheur c’est tellement plus ! On peut traverser des moments de déprime et être quand même heureuse. Je sais que le Bon Dieu m’aime comme je suis, qu’il prend tout sur lui et je sais que la vie après la mort ce sera encore mieux! Donc je suis dans un bonheur perpétuel peu importe les joies et les peines! Et je me suis dit que j’allais arrêter de râler et apprendre à dire merci.
Je pense que ça m’a appris à aimer librement, parce que dans ma relation avec le père de Mathilde j’étais tellement dépendante et le nez dans le guidon que je n’étais pas libre. C’est très important de savoir se construire seul avant d’être en couple, il faut savoir être exigeant avec soi-même, savoir patienter. Ce n’est pas facile mais ça vaut le coup. Ça m’a aussi appris qu’il faut savoir se remettre entre les mains du Seigneur, c’est hyper important de donner une place à Dieu dans nos vies. Pour ma progression guides-aînées j’ai un symbole à choisir et je sais déjà que je vais choisir le vitrail, parce que le vitrail, tout seul, n’est pas si beau que ça : c’est la lumière qui passe à travers lui qui le rend beau. Le but de notre vie ça doit être de rayonner du Bon Dieu, c’est comme ça qu’on répandra du beau et de la lumière autour de nous. Plus que les paroles, c’est le témoignage de nos vies qui peut toucher les gens. S’il fallait refaire les choses je referais tout pareil. Ma relation avec mes parents s’est enrichie, elle est devenue plus belle, je me suis plus ouverte, j’ai moins peur de l’inconnu, pour moi qui aime tout contrôler c’est un énorme progrès. Je vis plus simplement, et je pense que ça aussi approfondi ma réflexion sur l’Amour.
Qu’as-tu appris sur l’Amour?
Récemment j’ai énormément parlé d’amour avec des amis, sur le fait que le regard qu’un homme porte sur une femme est très important. Cette discussion m’a apporté beaucoup de confiance et d’espérance. Je suis rentrée de ce Week-end me disant que l’Espérance c’était magnifique mais que ça ne suffisait plus. J’avais envie d’aimer. Certes pour le moment ce n’est pas ça, je ne vais pas m’engager avec un homme. mais je me suis rendu compte que ce n’est pas la seule manière d’aimer ! J’ai ma petite fille, ma famille, mes amis. Je dois apprendre à aimer chacun, leurs qualités et leurs défauts, leurs forces et leurs faiblesses, sans les juger, être là dans les moments de joie et les moments de peine, être vraiment disponible. L’Amour commence dès maintenant. Je me dis que la plus belle réponse que j’ai à donner à la souffrance, c’est d’aimer, de répondre par la beauté, la fécondité de l’amour, sans qu’il soit exclusif. Je travaille là dessus. Je tâtonne un peu parce que j’essaie de voir où sont mes qualités, mes talents, et voir ce que je peux en faire pour répandre du beau autour de moi, comment je peux le donner aux autres.
Je suis passionnée par le sujet de l’amour, et je pense que c’est un cadeau qu’il faut prendre avec une grande considération : ça peut nous rendre très heureux mais si on ne fait pas attention ça peut aussi faire souffrir. Dans la prière des fiancés écrite par Jean-Paul II, on demande au Bon Dieu de nous apprendre à aimer l’autre. Dans ma relation avec le père de Mathilde on a toujours voulu compter sur nous-mêmes en se disant qu’on était catho, qu’on avait assez écoute les conférences de GrosJean… Mais en fait un couple ce n’est pas juste un l’homme et la femme, il y a le Bon Dieu qui est là, c’est un pilier essentiel. Et souvent ce qui ressort dans les homélies de mariage c’est que le mariage est un trépied: la femme, le mari et le Bon Dieu. Ces trois personnes là doivent trouver le bon équilibre. L’Amour ne se renferme pas sur lui-même, quand on aime quelqu’un on doit être encore plus ouvert aux autres, répandre cet amour. Dans le couple chacun a la responsabilité d’avoir une vraie vie de foi. C’est en recevant l’amour du Bon Dieu que l’on peut le redonner autour de nous. Et malgré les disputes on pourra quand même s’en sortir. Si ce n’était que nous qui aimions on n’y arriverait pas, mais si c’est le Bon Dieu qui nous donne d’aimer la personne ça change tout…
Souvent j’ai des doutes sur ma capacité à avoir une vie amoureuse, avec une petite fille c’est compliqué… Et finalement je me dis que le bon Dieu me donne une chance de me reconstruire, de préparer mon cœur en aimant ceux qui m’entourent. Claire de Saint Lager dit que » plus l’on vit de belles amitiés, plus on est capable de vivre un grand amour solide et fecond. Car l’amitié est le lieu de l’exercice de l’amour, elle nous enseigne cette qualité de présence, de tendresse, de force et de soutien qu’exige un amour durable ». De plus, je trouve que dans l’amitié on aime les autres de façon complètement désintéressée et ça nous apprend l’amour conjugal. Il faut prendre ça très au sérieux. Je ne me sentirais pas capable de me lancer dans une relation en me disant « on verra bien comment ça se passe », parce dans une relation on s’implique, c’est notre responsabilité de ne pas faire souffrir inutilement les hommes. Ils ont beau faire les gros durs, ils ont un cœur et c’est notre devoir de les préserver.
On sent que tu es en pleine réflexion ! C’est très beau ce que tu dis.
Je pense que le fait d’aller à Rocamadour avec des amis m’aide beaucoup. C’est un lieu propice à la réflexion, et j’y vais avec des amis que je connais depuis très longtemps. Je sais qu’ils ont un regard objectif sur moi, ils n’hésitent pas à dire les choses que je n’ai pas envie d’entendre.
Qu’est ce que tu dirais à une jeune fille dans la même situation que toi?
Je lui dirais que ce n’est pas facile, mais qu’il faut avoir confiance. Je sais que j’ai eu énormément de chance parce que j’ai été très entourée par ma famille et mes amis, et ce n’est pas le cas de toutes. Quelque soit sa décision je ne me permettrais pas de la juger parce que je sais à quel point ça peut être difficile. Mais en même temps il y a des solutions qui existent, l’association Mère de Miséricorde qui offre des points d’écoute, des accueils… Une vie c’est beau, ce petit bébé qu’elle porte c’est une part d’elle-même. On peut ne pas se sentir prête, mais je me rends compte que j’ai appris à grandir pour pouvoir assumer. Il faut avoir confiance dans le Bon dieu, c’est important de se rattacher à sa foi, ses amis, sa famille, et si c’est trop compliqué il y a toujours des associations.
Parlons féminité ! Comment la maternité a chamboulé ta féminité?
Avant je n’avais pas conscience de la beauté du cycle féminin. Pendant 3 mois j’ai suivi mon cycle et j’ai écouté une super conférence sur Youtube qui explique l’influence du cycle sur notre vie, les périodes où l’on peut être plus irritable.. Comprendre notre cycle aide à mieux se connaitre et à mieux réagir en fonction de ce qui nous arrive. C’est ce qui nous permet de porter la vie ! J’ai toujours été fascinée par la théologie du corps et plus tard j’aimerais devenir animatrice Cycloshow, c’est à dire animer des ateliers et des conférences dédiés aux jeunes filles pour leur expliquer le cycle féminin. C’est hyper important de transmettre la beauté de la féminité, du cycle, du corps de la femme. C’est une grande responsabilité ce rôle de transmission. Le Bon Dieu nous a créés différents et c’est une grande richesse !
Est-ce-que tu connais le livre La Voie de l’Amoureuse? C’est un livre passionnant dans lequel Claire de Saint Lager nous parle de la féminité sous tous ses aspects. J’ai été très marquée par ce livre, je te le conseille (et à vous aussi, chères lectrices 😉 ) !
Oui j’ai adoré ce livre ! Elle parle du fait que chacun de nous a en lui un féminin et un masculin et je trouve ça super beau. Ça m’a beaucoup touchée. C’est hyper important d’assumer notre féminité.
Pour toi quel est le rôle de la femme dans la société d’aujourd’hui ?
On a le rôle de transmettre la beauté de la vie. Dans nos foyers, dans nos familles, on doit être assez forte pour construire un socle solide. C’est notre rôle d’aménager une sorte de lieu sûr pour notre mari, nos enfants, pour ceux qui nous entourent, qu’ils sachent qu’on est là dans une attitude d’écoute, qu’on est présent H24. J’aime beaucoup la citation » les parents donnent des racines et des ailes aux enfants. Des racines pour savoir d’où l’on vient, et des ailes pour s’envoler vers l’avenir » de Nils Bard. Il faut que grâce à la sécurité et au cadre que l’on pose et définit, chacun puisse trouver la liberté de s’épanouir et de se révéler à travers ses qualités et ses choix de vie. Je trouve que le rôle de maman nous rend plus attentives aux autres. Même s’il y a des exceptions, une femme aura une tendance plus naturelle qu’un homme à écouter les autres.
Pour toi quelle est l’essence de la féminité?
C’est quelque chose de magnifique. C’est s’accepter, ne pas avoir honte d’être une femme, apprendre à voir la beauté de ce que l’on est et ne pas hésiter à le vivre, à être heureuse d’être femme. Et ça suffit.
Que dirais tu à la jeune fille que tu étais à 15 ans ?
Je lui dirais d’apprendre à écouter les autres. Je sais que mes amis en ont bavé, ils essayaient de m’aider mais je ne les écoutais pas vraiment. Il faut se dire que tout seul on n’arrive à rien. Il faut tout confier au Bon Dieu. Ne pas se dire que ses parents ont forcément tort.
Merci beaucoup Tiphaine pour ce magnifique témoignage. Je suis sure que tu as su toucher les cœurs de nos lectrices comme tu as touché le mien, par ton récit plein de force et d’espérance. Bonne route avec ta Mathilde!