Les Etinc’elles #1, Angélique: « la femme est la pierre angulaire de la société »

Angélique est une maman de 26 ans qui est aussi photographe de famille et a créé son entreprise L’amour à la française. Avec Vincent, son mari pompier de Paris, ils ont deux petits garçons, Louis, 2 ans et Aymeric, 4 mois. Nous nous étions déjà rencontrées grâce à Instagram. Lors de notre entrevue, nous avons parlé photographie, syndrome de l’imposteur, maternité, rapport aux réseaux sociaux et témoignage de foi.

Je vous laisse vous plonger dans cette riche discussion, et j »espère qu’elle vous inspirera autant qu’elle m’a inspirée ! 

Peux-tu nous définir qui tu es ? 

Je suis une maman avant tout. Je me suis  lancé dans la photo il y a un an maintenant parce que j’aimais ça et parce que je me suis dit qu’il serait bien d’avoir un appoint financier : nous sommes dans un monde où il devient très difficile d’être « juste » mère au foyer !

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Comment la photo est-elle rentrée dans ta vie?

Je trouvais ça chouette de garder des souvenirs, parce que chez nos parents il y a  toujours des albums d’enfance, des photos des premières communion, des mariages ou même du quotidien ! Et aujourd’hui on ne le fait plus parce qu’on garde nos photos dans un téléphone. Un jour j’ai fait un caprice, j’ai eu envie de m’acheter un appareil photo, j’ai tâtonné jusqu’à ce que ça fasse quelque chose de bien, et ça s’est mis à marcher d’un coup ! Au début je voulais seulement faire des jolies photos pour nous et j’avais toujours l’appareil photo sur moi. Ça a commencé à plaire, et le déclic a eu lieu lors du mariage civil de Céline, ma soeur jumelle. Elle m’a demandé de faire les photos et j’ai pris ça très au sérieux. Quelques jours plus tard elle a publié les photos sur les réseaux, et là ont commencé à arriver des messages me demandant si je faisait des shootings ! J’étais encore en master mais des soucis ont fait que j’ai été forcée d’arrêter avant la fin, malgré moi, et ça m’a donné l’occasion de rebondir. Et depuis ça ne s’arrête plus.

Tu n’as pas de formation autour de la photo? 

Je n’ai jamais pris un seul cours, mais ce n’est pas par snobisme ! Je ne pense pas du tout être meilleure que les autres. Mais on m’a toujours dit, et j’ai toujours remarqué que les photographes les plus talentueux n’avaient jamais pris de cours et que ce qui fait un bon photographe c’est l’expérience: ça veut bien dire que tout peut s’apprendre !  Et l’expérience, ça ne s’achète pas, ça  ne s’apprend pas, ça s’acquiert. Je sais que beaucoup disent qu’il faut faire un business plan, évaluer le marché, savoir où l’on va, peser le pour et le contre, sans doute ! Si on me demande un conseil évidemment je dirais à la personne de réfléchir, et de faire comme ça ! Mais pour ma part, j’ai foncé tête baissée, et par un gros coup de chance ça a marché.

Comment vis-tu le fait d’être à ton compte? 

Je trouve que c’est à la fois très confortable et très fatigant. Très confortable parce que je peux prendre des vacances quand je veux, je peux m’adapter au rythme de Vincent, mon mari qui est pompier, et qui peut donc garder les enfants ponctuellement. En revanche c’est épuisant parce que je suis seule pour tout faire, et il n’y a pas que les photos et les retouches, il y a une énorme organisation derrière. Les gens ne se rendent pas compte, annulent, mettent du temps à répondre aux mails. En revanche si moi je mets met plus de 24h à répondre  je me fais incendier !  Beaucoup de filles me disent que « ça a l’air génial de se lancer », mais ce n’est pas tout rose tout le temps. Je ne montre que le positif parce qu’on a parce qu’on a tous des difficultés, et je ne trouve pas utile ou bon d’exposer ses propres galères au grand public.Il y a nettement plus difficile comme situation dans la vie que la mienne, et ce travail me rend très heureuse !

camille bavarde les etinc'elles angélique

Comment dirais-tu que ton métier t’élève? 

J’ai un métier qui fait que je ne rencontre que des gens heureux. Ce sont des petits couples qui s’aiment, qui se marient, des bébés qui naissent, des familles qui veulent des souvenirs… Et ça déteint sur moi. Quand je m’absente de chez  moi pour prendre en photo une petite famille souriante, ça me rappelle que j’ai la même chose qui m’attend chez moi! Quand je vois les gens qui se marient je me rappelle qu’il n’y a pas longtemps c’était moi, et quand je vois parfois l’ardeur de certains mariés pendant leur messe de mariage, ça me rappelle que je ne dois jamais perdre cette ardeur. Je ne parle pas de l’ardeur entre les époux, parce qu’en trois ans de mariage elle est encore toute brulante, mais  de l’ardeur de sanctification ensemble. Revoir des gens promettre fidélité non seulement à l’autre mais aussi à la foi ensemble, ça me secoue les puces ! Impossible de s’endormir dans sa mollesse quand on voit ça !

Et de manière générale, faire des photos c’est garder et fixer sur papier ou fichier numérique les jolies choses que Dieu a mis dans la Création. Il y a des gens qui me disent qu’ils ne sont pas photogéniques, qu’il ne sont pas beaux…  Mais si ! Dieu n’a rien fait de moche, il y a du beau en tout, donc ça m’apprend à voir le beau chez tout le monde ! Ça fait travailler sur la médisance, le premier vice des femmes !

Le milieu de la photo est-il un milieu où il faut se préserver?  

Je pense que c’est le cas dans certains domaines comme dans la mode, mais pas dans le milieu où j’évolue. C’est un monde assez bienveillant même si la concurrence entre photographes ne l’est pas toujours. C’est un milieu assez féminin et ça en a les avantages et les inconvénients. S’il y a des rivalités elles sont mesquines et désagréables et ça peut trotter dans la tête, mais il suffit de faire le premier geste de montrer que l’on n’est pas dans la compétition et ça fonctionne très bien !

En revanche s’il y a de l’entraide, ça peut devenir des amitiés. Par exemple en ce moment il y a une personne qui veut se lancer dans la photo et envisage peut être d’arrêter son travail. Elle m’a demandé si je voulais bien l’aider. Je sais qu’on est dans le même réseau, qu’elle va me « prendre » des clients, mais il y en a bien assez pour deux, pour dix ! Et quand je vois l’équilibre que ça apporte à notre foyer je le souhaite pour tout le monde. Ce serait complètement mesquin de le garder pour moi. Alors oui je prends peut être le « risque » que « l’élève dépasse le maitre », qu’elle finisse (ce que je lui souhaite, et c’est en bonne voie!) par être carrément brillante, et que je perde quelques shootings, mais si le Bon Dieu lui a donné un talent pour ça, qui suis-je pour la brider et l’empêcher de le développer? Et je n’ai pas fait grand chose in fine: si elle y arrive, elle ne le doit qu’à elle. Si elle faisait des photos moches personne ne la bookerait.

J’aide donc avec plaisir. Le problème c’est que j’ai plein de gens qui me demandent ça, je ne peux pas le faire pour tout le monde, même si j’aimerais bien.

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Quels ont été tes doutes et tes craintes?

Le sentiment de ne pas être légitime. J’ai des diplômes dans l’édition, le commerce du livre, les lettres classiques, une maitrise de littérature française, mais rien à voir avec la photo. C’est ce que les gens un peu désagréables m’ont fait remarquer au début d’ailleurs. L’avantage c’est que ça force à se remettre en question, mais après je suis tombée dans l’excès, le syndrome de l’imposteur.

Parle-moi du syndrome de l’imposteur ! C’est très courant, en particulier chez les entrepreneurs. 

J’ai l’impression que n’importe qui pourrait faire la même chose que moi, et que j’escroque les gens parce que tout le monde peut acheter un appareil et faire « clic ». Personne ne m’a appris et je n’ai jamais rien lu à part le manuel de mon appareil photo (et même pas jusqu’au bout), alors que beaucoup de photographes de mon entourage me disent qu’elles ont épluché des tutos, des bouquins. Pourtant j’ai plein de livres sur le sujet chez moi, mais je n’ai pas le temps, et puis je me dis que si ça marche comme ça, autant continuer! En revanche je finirai par lire ces livres très vite, par conscience du travail bien fait. Quand Dieu  donne un goût pour quelque chose, il faut le faire fructifier, c’est la parabole des talents. Mais je ne dis pas que j’ai un talent pour ça, car je pense qu’avec quelques semaines d’entrainement, n’importe qui peut le faire.

Je me demande si on en sort, de ce syndrome de l’imposteur. Je ne sais pas ce qui pourrait me donne un déclic, dans la mesure ou je suis persuadée que les gens se trompent sur moi. J’ai même l’impression  de mentir en disant que j’ai le syndrome de l’imposteur parce que pour moi ce n’est pas un syndrome, c’est vrai !

Le déclic commence pourtant à pointer son nez depuis qu’on me présente mon travail comme un art (merci Céline!). Je peux comprendre qu’on n’ai pas tous la même fibre artistique, et que celle ci puisse influencer la manière de faire « clic ».

Parfois j’ai l’impression  de tromper les foules et qu’un jour quelqu’un va s’en rendre compte et me dire « mais t’as aucun talent, en fait, t’as juste un appareil photo un peu cher » ! Celine me dit toujours que si je refusais les opportunités qu’on me propose je n’en serais pas là, sauf que j’ai le sentiment que ce n’est pas moi qui suis allée chercher toutes les opportunités, j’ai eu de la chance que ça me tombe dessus pour une part, et de la chance que les gens répondent positivement à mes propositions « au culot », pour l’autre part. Tout n’est pas dépendant de ma technique et de mon travail dans ma réussite, et c’est ça qui provoque le sentiment du manque de légitimité. J’aimerai pouvoir dire que j’ai travaillé longtemps et avec acharnement sur mes compétences, ça me donnerai la sensation d’avoir mérité ce qui m’arrive.

Mais tu sais il y a quelque chose dont je suis persuadée, c’est que pour être sure du bien-fondé de ce que tu fais, il faut se demander ce qu’il en sort de bon et ce que ça apporte aux autres.

Oui c’est sûr. Et là on en parle donc je me pose plein de questions mais au quotidien je ne suis pas si scrupuleuse que ça. J’ai conscience que c’est un boulot simple dans le bon sens du terme, qui fait plaisir, qui rend les gens heureux et j’ai l’impression d’être à ma place parce que c’est arrivé à un moment où on avait besoin pour la famille.  On se demandait comment on allait faire pour mettre nos enfants dans des écoles catholiques parce que pour nous cette éducation est primordiale. Et juste à ce moment là la photo m’est tombé dessus. C’est la Providence !

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Et ton rapport aux réseaux sociaux ? 

Je ressens aussi ce syndrome de l’imposteur pour le rôle de maman, à cause d’Instagram.  Ça me fait aussi culpabiliser quand des gens m’envoient des messages adorables pour me féliciter de faire plein d’activités avec mes enfants ! Quand j’en fais je le poste parfois sur Instagram, mais y’a aussi plein de moments où je suis épuisée, on commande un Macdo et on met un dessin animé… Mais ça permet aussi de se remettre en question. Et il y a une phrase qui dit que pour chaque enfant qui réussit quelque chose il y a, derrière, une maman qui doute de tout.

Je ne pense pas que ce soit mauvais de publier que du positif sur les réseaux. Il y a des moments où la vie est dure pour tout le monde et ce n’est pas une raison pour le crier sur tous les toits. Quand on apprend à rendre grâce pour les belles choses on se rend compte qu’il y a beaucoup plus de belles choses qui nous arrivent que de choses dures. Et ce qui doit ressortir sur les réseaux sociaux c’est le témoignage de ce qui est beau.

Dans un autre sens, les réseaux m’ont beaucoup aidée au niveau de la foi.

Pourtant on aurait plutôt tendance à dire que c’est toi qui aide les autres sur Instagram avec la foi ! 

Ça n’a pas toujours été simple pour moi non plus. Quand j’étais ado c’était facile, j’étais dans un pensionnat avec la messe tous les jours, le chapelet, des retraites.  Quand je suis arrivée à Paris j’ai eu un passage à vide, je croyais toujours fermement en Dieu mais j’avais la flemme. Mais quand je me suis mariée et quand je suis devenue maman je me suis rendu compte que j’avais une responsabilité énorme sur l’âme de mes enfants et aussi sur celle de mon mari.

Quand j’ai commencé Instagram, je n’ai jamais eu de déclic « il faut que j’en parle sur les réseaux ! ». Mais le Bon Dieu fait tellement partie de mon quotidien que ne pas parler de Lui c’est comme si je ne parlais pas de Céline, ma soeur jumelle ! Et plus j’en parlais, plus je me disais que j’étais en train de donner une image de quelqu’un de plus pieux que la réalité. Alors au lieu d’arrêter, je me suis dis que je n’avais qu’à prier plus pour mieux correspondre à ce que j’essaye de renvoyer. Et c’est comme ça qu’Instagram me fait prier plus !

C’est un effet boule de neige. Quand je montre un truc catho les gens se disent « oh elle a l’air vraiment très catho », et ça donne envie d’essayer d’être à la hauteur de l’image que l’on renvoie. On a tendance à penser que les réseaux sociaux c’est mauvais parce que c’est du m’as-tu vu, mais si on peut montrer des choses bien dans le m’as tu vu, on peut montrer le Christ par exemple ! Je pense que tout  peut être bon selon l’usage que l’on en fait. J’ai beau être très traditionnelle sur beaucoup de sujets, je pense qu’il ne faut pas bannir les outils de communication modernes, au contraire. Je n’ai pas la prétention de changer quoi que ce soit sur Instagram avec mon petit compte, mais si nous sommes nombreux à en parler, l’addition de petites gouttes d’eau peut devenir une flaque !

Et finalement les gens ne sont pas du tout hostiles. J’ai eu des messages de personnes non croyantes disant que c’est  agréable de découvrir ce que c’est que la religion catholique à via Instagram ! Être catho c’est avant tout être heureux. Saint Philippe Néri, le saint toujours joyeux, disait qu’on doit rayonner du Bon Dieu. Et comme aujourd’hui le monde est sur les réseaux sociaux, on doit essayer de rayonner sur les réseaux sociaux.

camille bavarde les etinc'elles interview

Je pense que je ne suis pas la seule à penser que tu rayonnes déjà énormément de ta foi et de tes convictions, alors que ce n’est pas évident tous les jours ! 

Il faut arrêter d’avoir peur de ce que disent les gens au niveau de la foi, je n’ai plus peur maintenant, je crois. Petit à petit je vais de plus en plus loin en me disant « ça va passer ?» et c’est  toujours passé. Jusqu’au jour où je vais dire quelque chose de trop, ou de maladroit, que les gens vont mal interpréter. Je n’en ai encore jamais parlé mais il y a des sujets qui touchent la famille et l’éthique qui me provoquent beaucoup d’inconfort parce que je sais que je vais devoir rentrer dans des débats. Avortement, PMA, GPA, homosexualité, écologie, chasteté, etc… Enfin ce sont des sujets compliqués. J’ai déjà des messages de personnes qui me posent des questions très poussées sur la foi, et je n’ai pas le droit d’avoir la flemme de répondre. Si on commence à en parler il faut que assurer. Soit je témoigne et je vais jusqu’au bout, soit je me tais.

 

Est ce que tu peux me parler de ton rapport à la maternité? Tu t’es toujours sentie destinée à avoir des enfants? 

Non pas toujours, entre la 4ème et la terminale je voulais être religieuse, dominicaine et enseignante comme les dominicaines qui m’ont élevée. Mais quand je suis partie de l’école je me suis dit que ce n’était pas pour moi, j’avais gouté au monde, et je voulais lui donner un côté plus catho. Et puis j’ai rencontré Vincent, on s’est fréquentés pendant 2 ans et déjà je me rappelle m’être dit un jour « ce type là sera un jour un père formidable pour mes enfants » alors que ne pensais pas encore aux enfants.  C’est rencontrer Vincent qui m’a fait comprendre que j’étais faite pour être maman.

camille bavarde les etinc'elles angélique

Je suis devenue maman à ma première fausse couche, parce que pour moi on devient maman au moment où l’on apprend que l’on est enceinte, au moment où l’on se décide que tout ce que l’on va faire et toutes les pensées que l’on va avoir vont être tournées vers le petit bout qui se prépare à arriver. Cette première grossesse n’a pas abouti, c’était dur. Je me suis demandé si c’était vraiment fait pour moi, j’ai eu peur. Très peur.

Et puis Loulou est  arrivé, et je me suis rendu compte que ce que je voulais faire de toutes mes journées, c’était m’occuper de lui, l’élever, et essayer d’en faire quelqu’un de saint, catholique pas seulement parce que sa maman l’emmène à la messe le dimanche, mais parce qu’il comprend que son bonheur et toute sa vie dépendent du Bon Dieu. Ce n’est pas gagné parce qu’il n’a que deux ans, c’est le défi de toute une vie et ça donne le vertige ! C’est fou la responsabilité que  Dieu nous donne sur la vie de nos enfants! Si ce ne sont pas des saints c’est de notre faute ! Ils ont un libre arbitre évidemment, mais on est là pour le façonner quand même. Mes parents ont bien façonné le mien, même si j’ai eu des hauts et des bas je suis revenue dans le droit chemin et je les en remercie. Et j’espère que j’arriverai à doser tout cela comme il faut pour que mes enfants fassent pareil, et que notre famille se retrouve  un jour pour partager la Vie Éternelle. Ce serait le rêve absolu.

Il y a cette phrase que j’adore qui dit « Dieu n’appelle pas ceux qu’il sait capables, il rend capables ceux qu’il appelle », et je trouve ça magnifique parce que ça te permet d’avoir confiance dans tout ce que tu entreprends ! Si Dieu a mis un enfant entre tes bras, c’est qu’il te fait confiance !

Oui c’est magnifique ! S’il a mis un enfant entre mes bras c’est qu’il me donne les grâces pour arriver à l’élever, c’est juste à moi de réussir à les saisir ! C’est un gros défi. Et finalement quand ça marchera, parce que je suis sure que ça marchera, je serai vraiment très heureuse.

Être maman t’a fait grandir dans ta foi ? 

Oui ! Quand on se rend compte que l’on doit témoigner devant quelqu’un, on a envie de faire brûler notre foi encore plus ! Avant je n’avais pas encore le réflexe de la prière du matin et de la prière du soir. Je faisais une petite phrase pour Dieu le matin et le soir, sauf que Louis ne le voyait pas. Et depuis quelques semaines on a installé un petit coin oratoire dans sa chambre avec de jolies icônes, et le matin il me voit me mettre à genoux. Je ne voulais pas le forcer à venir, il voyait que je venais me mettre à genoux mais il continuait à jouer. Alors j‘ai trouvé un petit système pour qu’il comprenne que maman n’était pas juste à genoux pour ranger les jouets mais que maman était à genoux parce qu’elle parlait avec Jésus. J’ai tout simplement mis une joli bougie avec une croix achetée chez Catho Retro et quand j’allume la bougie maintenant, il vient se mettre  à genoux à côté de maman, il met ses petites mains jointes, il bafouille un petit signe de croix un peu maladroit mais trop mignon, et il comprend qu’on prie.

Je n’avais pas cette habitude avant, mais comme je veux que Louis l’aie, je la prends aussi pour moi. Ce sont mes enfants qui m’aident  à être plus pieuse et à mettre plus le Bon Dieu au coeur de ma vie. Je veux transmettre quelque chose à mes enfants, mais pour transmettre quelque chose il faut tenter d’être un exemple. Comme je veux qu’ils soient saints il faut que je le sois moi aussi. Vaste programme! Mais ce n’est pas infaisable, si tant de gens ont été saints avant, c’est que, avec l’aide du Bon Dieu, c’est possible !

camille bavarde les etinc'elles angélique

C’est aussi pour ça qu’il est très important pour nous de mettre nos enfants dans des écoles catholiques. Et ça me soulage tellement de pouvoir le faire, parce que je ne sais pas si j’aurais été capable de leur apporter au niveau de la foi tout ce qu’une école qui n’est pas chrétienne peut détruire en face : pour construire quelque chose à la maison qui est soigneusement déconstruit à l’école, il faut avoir du courage. Il n’y a pas  de meilleure école pour le respect, l’écoute et l’entraide qu’une école catholique. Même si ces valeurs sont prônées dans plein d’écoles, finalement tout devient plus simple quand on le fait dans le but de plaire au Bon Dieu. Ça donne du sens.

Finalement, dès qu’on rajoute une dimension chrétienne à quelque chose ça lui donne plus de sens. C’est comme l’écologie, avant je n’y trouvais pas tellement de sens, jusqu’à ce que je lise Laudato Si. Dieu ne nous a donné qu’une seule planète, il faut en prendre soin ! Et je commence donc à m’intéresser à l’écologie intégrale. Je trie mieux, je me suis commandé des cotons lavables, j’ai trouvé un magasin de vrac. J’ai fait des calculs, et ça va nous faire des économies colossales sur le budget mensuel en plus! Je me suis beaucoup inspirée de ton blog, j’ai lu ton article sur les 80 astuces au moment où j’ai découvert l’Auréole Box sur l’écologie intégrale. Je pensais que ce ne serait que des actes compliqués à mettre en place et finalement pas du tout. J’avais besoin du coup de pouce, j’avais besoin qu’on me fasse comprendre que ce n’était pas juste le sujet branché du moment qui « fait bien » sur Instagram. Ce n’est pas une mode, c’est essentiel.

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Que penses-tu de ta place de mère au foyer ? Pour moi tu es une maman qui a réussi à trouver une activité qui lui permet de rester mère au foyer tout en s’épanouissant de manière personnelle en en rendant service à sa famille !

C’est vrai que le fait de m’épanouir ponctuellement ailleurs me permet d’être meilleure quand je rentre, je pense. J’ai beaucoup de chance parce que je n’ai pas de patron, je décide de tout, je mets mes limites. Par exemple au mois de mai je vais ralentir le rythme parce qu’aujourd’hui Louis s’est réveillé de la sieste en pleurant et en cherchant maman, Vincent a du m’appeler en FaceTime. J’ai l’impression d’avoir été plus à mon travail qu’à mon foyer et je m’en sens très mal. Il faut que je trouve le bon équilibre, ce n’est pas toujours facile. Alors  que quand je fais quelques shootings par ci par là j’ai l’impression de faire une pause salvatrice. A l’origine  je voulais que ce soit un boulot qui me permette de m’occuper de mes enfants. Il faut que j’apprenne à dire non quand on me demande à la dernière minute, ça bouscule notre équilibre familial, et c’est exactement ce que je veux éviter. Avec les systèmes de gardes de Vincent, tout est déjà si atypique.

Dans le monde actuel le fait d’être mère au foyer est parfois mal vu, et je trouve ça beau qu’il y ait des femmes comme toi qui en font une vraie fierté. 

Ce n’est pas toujours évident. Il y a certaines filles qui me disent de ne pas étaler comme ça mon bonheur d’être mère au foyer, parce que tout le monde ne peut pas se le permettre, pourtant on n’a pas d‘immenses moyens.

camille bavarde les etinc'elles angélique

Et il y a d’autres personnes qui disent qu’être mère au foyer c’est ne rien faire. C’est assez agaçant les gens qui disent que les femmes qui travaillent font la même chose, qu’elles  nourrissent les enfants, les baignent et les couchent tout en travaillant en plus. Elles font toutes ces choses très bien, mais elles ne font pas la même chose. Ce sont deux « métiers » différents. On a du mal à considérer le fait d’être mère au foyer comme un métier, les gens disent que quand les enfants dorment les mères au foyer ne font rien. Mais ce n’est pas vrai, on s’occupe du foyer, de sa gestion, de son économie ! Et surtout, on fait d’autres choses que les autres ne peuvent faire que le week-end: des activités avec eux, des constructions, de la peinture, de la pâte à modeler, de la cuisine…  Quand c’est une nounou, une institutrice, ou la crèche qui le fait, c’est considéré comme un travail. Quand c’est une maman, ce n’est plus rien. C’est étrange. Nous, mères au foyer travaillons toute la semaine à l’éducation et à l’éveil de nos enfants.

Il y a une petite guerre entre les  working mamas et les stay at home moms que je trouve bête. Nous avons toutes 24h dans une journée que l’on consacre à nos enfants : certaines  en travaillant pour les nourrir, d’autres en étant avec eux toute la journée. Il n’y en a pas une qui fait plus que l’autre, il n’y en a pas une qui aime ses enfants plus que l’autre. Et si je préfère ma situation, je ne pense pas qu’elle soit plus simple, ni plus compliquée. Ce n’est pas forcément évident de passer sa journée avec un enfant qui ne sait pas parler vous savez? Il peut être parfois ingrat, fatigué, fatigant, surtout quand ton mari ne rentre pas tous les jours. Ça demande des vertus de patience, de bienveillance, de sourire, de présence, d’imagination, de douceur. Les mamans qui travaillent ont ces vertus bien sûr, et même beaucoup d’autres, mais elles n’ont pas forcément à les mettre à l’épreuve toute la journée avec un petit être humain irrationnel et adorable, mais dénué de langage cohérent !

Et qu’en est-il de la solitude de la mère au foyer ? 

Ça arrive de se sentir un peu seule. mais on trouve toujours d’autres mamans. On a des amis à voir, et si ces amis qui ne comprennent pas que l’on vienne prendre un café avec son enfant, c’est que ce ne sont pas des amis très sympathiques.

Ce sentiment d’isolement existe. Moi je le ressens moins parce que je travaille, et même si je suis très peu hors de chez moi ça me permet d’avoir ponctuellement du contact avec des adultes. Lors de ma première année avec Louis je n’avais pas ce travail là, et il y a eu des jours où je me suis sentie très seule, surtout quand Vincent n’était pas là. Mais je n’ai pas le souvenir d’un passage super difficile, à part pendant le coup de blues post-partum. Ça a aussi été un moment pour me tourner vers le Bon Dieu. On se rend compte de sa condition, on se retrouve face aux choix de vie qu’on a fait. C’est comme une longue retraite qui permet de se remettre en question  sur ce que l’on  peut travailler chez soi, et personnellement j’adore m’occuper  de mon foyer. J’en ai profité pour décorer, coudre, broder, des plaisirs relativement simples, que les femmes avaient toutes avant, quand elles ne travaillaient pas.

Certains ne comprennent pas le fait de fonder une famille tôt au lieu de « profiter de la vie ». Mais finalement,  fonder une famille c’est tout ce qu’on laisse derrière soi. Qui se souvient de nous à part nos enfants? Qui prie pour notre âme quand on n’est plus là? Et en quoi trouver la personne avec qui l’on veut passer sa vie et son éternité c’est « ne pas profiter de la vie »?

Maintenant, j’ai trois petites questions pour terminer l’interview. Je les poserai à chaque femme que je rencontrerai pour avoir des points de vue différents. 

Pour toi quelle est l’essence de la féminité ? 

L’essence de la féminité ce sont les dons du Saint Esprit: la sagesse, l’intelligence, la force, la science, le conseil, la piété, la crainte/amour de Dieu. Par exemple, la force, parce qu’une femme forte c’est une femme qui sait où est sa place, et elle a la place la plus importante de la société. La féminité ce n’est pas juste mettre des jolies robes et du maquillage (même si ce sont aussi des choses très importantes à mes yeux), c’est rayonner de l’extérieur parce qu’on est belle dans son âme. Audrey Hepburn disait:

“Make-up can only make you look pretty on the outside but it doesn’t help if your ugly on the inside. Unless you eat the make-up.”

Pour moi, les dons du Saint Esprit permettent de cultiver toutes les vertus essentielles de la féminité et de la maternité.

Que dirais- à l’ado que tu étais à 15 ans?

Ne pas oublier de prier au moins une fois par jour à genoux, pour se rappeler de notre condition, de notre état de dépendance heureuse face au Bon Dieu, pour se rappeler que tout ce que l’on fait de bien c’est grâce à Lui, et que tout ce que l’on fait de mal Il nous le pardonne.

Quel est le rôle de la femme dans la société actuelle? 

Le rôle de la femme dans le monde actuel est le même rôle qu’elle a au sein du foyer : tirer vers le haut. Nous devons être le socle de tout. Aucune statue, aucun édifice n’est grand s’il n’a pas de socle. Il faut valoriser cette place. La femme c’est la pierre angulaire de la société. Si on l’enlève, tout s’écroule.

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Merci beaucoup Ange pour toutes ces confessions. Ton témoignage est très riche et très beau, j’ai beaucoup aimé discuter avec toi et cela a alimenté mes réflexions pour savoir quelle femme je voulais être et quelle vie je voulais mener!

Chères lectrices (et lecteurs?) j’espère que la lecture de cette interview aura le même effet sur vous. N’hésitez pas à me faire vos retours quels qu’ils soient, critiques constructives et choses qui vous ont plu! Je en cherche qu’à m’améliorer et je serai ravie d’avoir votre avis! 

On se retrouve très vite pour d’autres interviews (mais d’abord d’autres recettes, quand même…) !

Camille

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